Redonner vie à vos chaussures usées ou rafistoler un vêtement préféré n’a jamais été aussi encouragé. Dans un élan pour diminuer les déchets issus de l’industrie de la mode, le gouvernement propose une aide financière destinée à alléger la note des réparations. Cependant, les nouvelles procédures requises pourraient représenter un frein pour les petites mains du secteur.
La tête haute et le sourire aux lèvres, Laura Paul, propriétaire de la boutique Rapide’Couture à Nantes, partage son enthousiasme quant à l’impact positif du « bonus réparation », un projet piloté par l’organisme Refashion pour le compte de l’État. Sa boutique avait été choisie pour tester le dispositif avant son lancement national ce mardi 7 novembre.
Une limite imposée
L’offre est illimitée en nombre, permettant aux consommateurs de profiter du bonus à volonté. Toutefois, la réduction ne peut excéder 60 % du coût total de la réparation. Il est important de noter que certains articles, comme les sous-vêtements et le linge de maison, ainsi que certaines prestations comme l’upcycling, ne sont pas éligibles à cette mesure.
Pour être autorisés à proposer ce bonus, les ateliers de couture et cordonneries doivent obtenir une certification de Refashion. Les démarches de labellisation se font exclusivement en ligne et incluent la soumission d’une grille tarifaire, assurant que l’avantage financier est bien répercuté sur le client final et non utilisé pour gonfler les prix.
Une fois labellisé, l’artisan doit utiliser une application pour soumettre une photo de l’article endommagé et la facture correspondante. Laura Paul reconnaît que bien que la saisie ne prenne que quelques minutes, la répétition de la tâche pourrait représenter une contrainte quotidienne, bien que gérable avec une bonne organisation.
Malgré l’optimisme général, certains professionnels, comme Claudine Lebrun de Vannes, restent mesurés, soulignant l’importance de la simplicité du processus et de la rapidité de remboursement. Florian Atorm, à la tête de Rapid’Couture, partage cette préoccupation, sachant que l’efficacité du dispositif repose sur l’engagement et la réactivité des réparateurs.
La demande de labellisation a connu une croissance fulgurante, en partie grâce à l’appel de la secrétaire d’État Bérangère Couillard pour une couverture nationale dense d’artisans, afin d’éviter de longs déplacements pour les consommateurs.
Rejet de 700 000 tonnes par an
Le secteur textile, qui voit les Français se défaire annuellement de 700 000 tonnes de vêtements, est une source majeure de pollution, avec une grande partie finissant en décharge. Le succès de la « fast fashion » ne fait qu’accentuer cette problématique.
L’efficacité du « bonus réparation » face à cette tendance reste à prouver, d’autant que son équivalent pour l’électroménager connaît un démarrage lent. Pour renforcer l’attractivité de ces mesures, le gouvernement prévoit de doubler le montant des aides pour certains appareils dès janvier prochain. Cette initiative pourrait s’avérer être un tournant crucial dans la lutte contre la surconsommation et ses impacts environnementaux.
Source: Refashion https://refashion.fr/fr